Écrire ensemble un nouveau chapitre de l’aménagement en France
Cérémonie des vœux de l’Unam, Discours de François Rieussec, Président de l’Unam – Hôtel Westin, Paris – Mecredi 16 janvier 2019
Bonjour à tous,
Merci à vous d’être venus si nombreux aujourd’hui. C’est une belle reconnaissance pour l’UNAM. Mais c’est surtout un encouragement à écrire ensemble un nouveau chapitre de l’aménagement en France.
Mesdames Messieurs les Députés,
Mesdames Messieurs les Présidents,
Chères Consœurs, chers Confrères,
Chers amis.
Il est en effet urgent d’ouvrir un nouveau chapitre de l’aménagement
Il faut mettre fin à cette guerre de tranchées qui oppose :
- d’un côté, les métropoles, championnes à l’international, et seules bénéficiaires des politiques publiques ;
- de l’autre, les autres territoires, petites villes et périphéries, livrées à elles-mêmes, et laissées à l’abandon.
Dans cette guerre de tranchées, de nombreux intellectuels stigmatisent le mode de vie périurbain où vivent la moitié des français :
- tantôt parce qu’il renforce la dispersion,
- tantôt parce qu’il n’est pas adapté aux enjeux environnementaux.
Le moment est venu de mettre fin à ce débat coûteux entre :
- le choix du mode de vie pavillonnaire est plébiscité pour son prix accessible et son confort de vie ; mais on en connait aussi les critiques justifiées,
- et l’hyperdensification des grandes villes, par son coût élevé, elle nourrit la hausse des prix et ne permet pas aux familles de trouver un logement adapté à leurs besoins.
Mais remettre en question un modèle n’a de sens que si nous sommes capables, collectivement, de proposer une alternative :
- viable financièrement pour les ménages ;
- qui corresponde à leurs attentes et à leurs besoins ;
- dans un cadre de vie agréable et intégré à l’environnement ;
- avec des solutions opérationnelles.
- et ce modèle doit répondre aux enjeux environnementaux actuels, et aux impératifs d’économies d’énergies, de respect et d’intégration de la biodiversité, d’éco mobilité notamment.
Sans cela nous resteront dans l’utopie, c’est-à-dire dans l’antichambre de l’enfer ou de l’impuissance.
Si mon interprétation de la loi Élan est bonne, je perçois que le Gouvernement a pris la mesure des dérives technocratiques qui diluent la démocratie locale.
Julien Denormandie l’a reconnu lors de notre dernier congrès d’Avignon : il faut soutenir et encourager la construction autrement, et plus efficacement.
Autrement dit, nous devons surmonter les écueils du passé :
- Nous ne pouvons plus compenser les besoins en logements en seules zones tendues avec des aides toujours plus coûteuses et inflationnistes.
- Nous ne pouvons plus nier les villes moyennes et les petites communes noyées dans des intercommunalités en recherche d’identité. La moitié des français vivent dans ces types d’habitat.
- Nous ne pouvons plus défendre exclusivement un modèle d’urbanisation du « tout collectif » et une densification à tout prix des centres villes qui contraignent les choix de vie des ménages.
Le moment est venu d’acter un nouveau projet urbain, une synthèse équilibrée entre :
- les aspirations légitimes des ménages à un cadre de vie de qualité, d’une part,
- et un aménagement du territoire soutenable et durable, d’autre part.
L’Unam et ses 300 entreprises adhérentes, immergées dans le réel local, seront force de proposition.
J’espère d’ailleurs que nous parviendrons à porter une contribution commune, ou au moins convergente, entre nous tous acteurs du logement.
L’occasion m’est donnée de saluer les Présidents et représentants de la FFB, de la FNAIM, de la FPI, de l’USH, du l’Ordre des Architectes, de l’OPQU et de l’UNGE… présents aujourd’hui.
Tous ensemble, chers amis, nous tenons la solution, car c’est nous, les acteurs de la construction et du cadre de vie.
C’est nous qui logeons 100% des Français.
Profitons du grand débat national pour faire entendre notre voix et poser notamment les bases d’une grande réforme fiscale que nous attendons tous. Au lendemain d’une fin d’année marquée par un recul de la construction, il est urgent de créer les conditions d’un choc de l’offre pour faire baisser les prix du foncier et des logements. Conditions, je le rappelle, qui ne sont toujours pas réunies dans la loi Élan et la Loi de Finances.
Il est temps d’envisager l’année 2019 avec lucidité, sérénité et conviction.
Tout d’abord soyons lucides : la raréfaction du foncier s’impose dans les faits.
La dispersion urbaine et l’étalement urbain doivent continuer d’être proscrits. L’objectif de « zéro artificialisation nette » fixé par Bruxelles, bien qu’excessif s’impose à nous. Il faut donc miser sur le renouvellement urbain et optimiser le foncier disponible, c’est inéluctable. D’ailleurs les Opérations de Revitalisation Territoriale généralisent cette orientation dans tout le territoire.
Ensuite, nous pouvons être sereins, car les perspectives de développement de nos entreprises sont plus nombreuses que par le passé.
Nos premiers contacts avec le CGET et les directeurs de projet « Action Cœur de Ville » viennent confirmer notre intuition : les aménageurs sont attendus dans ce que j’appellerai « le réaménagement de l’existant ». D’ailleurs, l’expérimentation du nouveau permis d’aménager multi-sites va nous aider à exploiter des fonciers non contigus notamment en tissu complexe et dans l’existant. Au-delà, nous saisirons de nouveaux relais de croissance qui s’offrent à nous pour permettre à nos PME :
- de répondre aux appels à projets sur chacun de nos territoires ;
- de saisir les opportunités en renouvellement urbain ;
- d’accompagner les institutionnels à valoriser leur patrimoine foncier ;
- de se positionner sur les cessions du foncier public de l’État ;
- et de motiver la coproduction public / privée.
Dans ce but, nous lancerons dans 15 jours un programme de formations, Elles seront ouvertes à tous nos partenaires, collectivités locales, concepteurs et entreprises. Nous organiserons également un séminaire technique les 27 et 28 juin prochain. C’est d’ailleurs l’occasion ici de saluer tous nos partenaires, banquiers, industriels, énergéticiens, start up, avec lesquels nous construirons le programme. Merci à vous.
Enfin, notre conviction est forte, c’est par la qualité produit et l’innovation que nous parviendrons à engager une transition urbaine crédible.
Merci à l’Association HQE d’être présents à nos côtés. « Mention spéciale » à Bruno Bessis et Yasimin Vautor du Ministère sans qui notre guide Écoquartier n’aurait pas vu le jour. Ils sont appelés à de nouvelles fonctions au Ministère, mais ils m’ont assuré que le guide sortira bien au 2ème trimestre. Vous pouvez les applaudir.
Par qualité « produit » et « innovation », je pense à l’aménagement de quartiers innovants qui intègrent :
- des densités et des formes urbaines adaptées à la demande et aux moyens de nos concitoyens ;
- des réponses concrètes d’éco-aménagement durable, de préservation de la biodiversité et de la santé ;
- des nouvelles pratiques urbaines en matière d’éco-mobilité ou d’équipements publics.
Nous reviendrons sur tous ces thèmes travaillés au cours des 9 prochains mois à l’occasion de notre congrès qui se tiendra à Paris, le 1er octobre. Nous comptons sur vous tous.
Ce congrès d’un jour donnera le coup d’envoi d’un « Tour de France de l’aménagement » qui fera étape dans chacune de nos régions à l’automne.
Beau programme – vous en conviendrez !
Merci à vous tous au nom du Conseil d’administration de l’Unam et de tous les adhérents d’œuvrer à nos côtés pour l’avenir de notre métier.
Tous nos vœux de réussite personnelle et professionnelle vous accompagnent pour cette nouvelle année.
Merci de votre attention.
François Rieussec, Président de l’Unam